mardi 30 janvier 2024

Le chant de la migration : poème xxvii

 


On dirait qu’elle s'écroule 

La mémoire 

De cette nuit minuscule

Se rature s’efface se réinvente 

Me chante tous les soirs

L’histoire de l’univers 


Un soir il pleuvinait

Sur les Champs-Élysées

Richard a voulu nous emmener

Goûter à la vie des bondieux

Comme ils disent en créole 


Nous étions quatre garçons

Qui avions en partage

La mémoire insulaire

Docteur Joseph et moi ne buvons 

Pas d’alcool

Blancourt aime danser...

Le dragon littéraire

Et Richard lui…

Un chercheur aime chercher


C'était une boîte souterraine

Trois costards à l’entrée

Nous soulignent gentiment

Que nous nous sommes trompés

C'est une soirée d'étude

Revenez autre foi


Richard l'anthropologue comprend

Il comprend il comprend 

La culture des costards

Des Champs-Élysées

Il présente son badge

Et les costards ont cru que nous 

Nous aussi nous étions diplômantes


Au sortir de la boîte

Un vieillard retraité

Nous a pressé de rentrer

Dans une certaine maison

Où des femmes travaillent 

À détendre les hommes

-J’ai soif Monsieur

Tous les commerces se valent 

Dans les grandes cités


-Elle a soif la Niña Estrellita

-Faîtes-la boire


On a voulu respecter le vieillard

C'était un conseiller politique 

Sur les Champs-Élysées



Ses femmes ont vieilli 

Avec un seul métier

Sur les Champs-Élysées

Comme la terre 

Qui tourne sur elle-même

En brûlant son attrait 




Jacob JEAN-JACQUES 

Saint-Brice-sous-Forêt

Le 31/01/2024

00:25


Le chant de la migration poème xxvii


Le chant de la migration : poème xxvi

 

Cette fois le train s’en va

S’en va encore le corps

En laissant à la gare 

Louis ce bon berger 


Il avait beau crier

Je suis ce paysan

Qui nourrit vos enfants

Pourquoi vous m’affamer 


Qui à la gare entend 

Ce que dit Monsieur Louis

Ce que fait la machine

Ne me regarde pas

Tout mon temps est vendu

Trouvez-vous un vent d’erre


Cette fois encore le train

Roule bien sans danger

Essuyant sur les rails 

La trace de mon sang



Jacob JEAN-JACQUES

Gare du Nord

Le 30/01/2024

22: 24



Le chant de la migration poème xxvi


Le chant de la migration : poème xxv

 

Ils traînaient tous les mardis 

Sous ces belles basiliques 

Ils ne cherchaient pas Dieu 

Ils n’avaient jamais eu

Jamais eu cette foi 

Mais le padre viendra

Leur livrer de la poudre

Qu’ils revendront en classe

À quelques camarades

Pour calmer leurs démons 


Ce soir padre Boris

Avait un peu trop lu

Il arrive à la gare 

Sous cette belle basilique

Avec une pizza blanche

Et un bouquet de fleurs

Comme personne n’avait faim

Il était désolé de manger 

Pour eux trois et pour lui à la fois


Xenia refusait de recevoir 

Les fleurs

Dans son éducation

On n’en donne pas comme ça 

Jamais sous les églises

On fait ces genres de messe

Or puisque c'est ainsi

Padre Boris s’explose

Il met fin au commerce

Avec son pistolet

Au nom de la très sainte 

De la sainte Trinité



Jacob JEAN-JACQUES

Basilique de Saint-Denis

Le 30/01/2024


17:45


Le chant de la migration poème xxv






dimanche 28 janvier 2024

Le chant de la migration : poème xxiv

 


Le Maire de Petit-Goâve

Vit à Paris 

Dans le 75e depuis…

Dans la même chambre que moi


Quand il voit un avion

Il fuit sous le matelas

Se bouche les oreilles

Avec des doigts pointus 

Personne n'aime le bruit

Qui chasse ces oiseaux 


Le Maire fait des romans

Ou de la politique

Il dit qu’ils sont pareils

Xenia pense qu'il a tort

Qu’il aurait dû chanter

Et faire de la chimie 

Et de l’économie

Et de l’astronomie


Le Maire paye ses impôts

Il n'a plus de franchise 

Il a beaucoup de chance

Dans ses belles affaires 

Avec un certain Brun

Le Maire de Paris 

On dit qu’ils sont pareils 

Ils pissent comme il faut 


Les Maires sont des idiots

Pense encore Xenia

Quand ils croient que leurs femmes 

Boivent à chaque fois 

À leur santé d'élus



Jacob Jean-Jacques

Dans le bus 133 vers Saint-Brice-Sous-Foret

28/01/2024

18:17


Le chant de la migration : poème xxiv

Le chant de la migration : poème xxiii

C.P.: Marie Luna Jean-Jacques
 


Courait vers le métro

Tête gridap tête perdue

Une valise sous le bras

Elle ne souriait pas


Inquiète ? Elle ne l’est pas. 

Jamais.

Sa patronne l’attendait

Tête gridap tête perdue

Elle aimait son travail


Trois fois blessée

Violée jusque dans l’âme

Comme les tueurs de mouche

Elle tue pour Madame

Tête gridap tête perdue


Elle donne des conférences

Quelques fois sur l’amour

Quand c’est pas sur le genre

Elle donne des conférences 

Quelques fois sur le viol

On l'a tellement violée 

À chaque coin de Paris

Elle même Madame parfois

Pour ne pas l’oublier


Tête gridap tête perdue

Pour qui sont ces oiseaux

Qui planent sur Goussainville 

Et ces esprits de blé

Qui font peur aux Français



Jacob JEAN-JACQUES

Dans le 133 vers Gare de Sarcelles

Le 28/01/2024

13:37


Le chant de la migration poème xxiii


Le chant de la migration : poème xxii

 

C.P.: Marie Luna Jean-Jacques

Un jour 

C’était peut-être mercredi

C’était peut-être jeudi

C'était un jour d’hiver

J’ai quitté Gif-sur-Yvette

Pour me rendre à Sorbonne

Sorbonne comme tu l’entends Sorbonne

Dans les livres que tu lis

Qui parlent d'humanité et de lumière d’Europe. Sorbonne

Engageait deux agents pour sa sécurité

Et comme je faisais peur avec ma valise bleue

Ils n'étaient pas certains que j’avais rendez-vous

Pour un séminaire sur la poétique du mal


J’ai rebroussé chemin sans penser au racisme

Les agents avaient peur

L’un m’a dit 

désolé, chef. c’est à cause de vigipirate.

je ne souhaite pas risquer mon poste, chef.

J’ai rebroussé chemin sans penser aux sans papiers

qui dorment dans les métros ou dans le dernier train

de la ligne H ou B


Un autre jour

C'était un peut-être lundi

C'était peut-être un mardi

C'était un jour d’hiver

Mais il faisait très beau

Mais je tremblais quand-même

Car elles étaient trop belles

Ces lèvres courtes et roses

légèrement retombées

légèrement rebelles

qui m’invitent au café

au café d’à côté 

Alors j’ai refusé

Parce qu’elles me faisaient peur.

désolé chef. c’est à cause de vigipirate. 

je ne souhaite pas risquer ma peau, chef.


Un soir

C'était peut-être vendredi

C'était un peut-être samedi

Pas un dimanche d’hiver

Je trainais Quai Conti

Deux Chinois amoureux

Se prenaient en photo

Par un autre Chinois

Par moi aussi peut-être 

Le bouquiniste aussi peut-être

Et tout le monde passait avec leurs yeux rivés

Sur leur prochain loyer

Leur crédit à payer

C’est pour ça que l’on vit

Dans les villes si grandes


Ce soir-là

J’ai rêvé

Que j'étais président de la transition

Qui n’aurait jamais lieu

Que je ne connaîtrai pas

Car c'était une erreur

ces gueules diplomatiques font peur.

désolé chef. c’est à cause de vigipirate.

je ne souhaite pas mettre en danger, la révolution chef




Jacob Jean-Jacques

64, Impasse de la Mothe Hugo, 95350 

Saint-Brice-Sous-Foret

Le 28/01/2024

12:02


Le chant de la migration : poème xxii