mardi 9 janvier 2024

Le chant de la migration : poème xi

 


Je perds mes pieds 

Trop souvent dans ton gosier

Tu n’y vois rien de grave

Tu n'y vois pas d’inconvénients

Toi l’âme des rails

Moi les trains



Tu me demandes seulement

De ne pas oublier

Mon ombre dans ton cœur

Puis tu me demandes 

Pardon 

Toi l’âme des rails

Moi les trains


Je ne perds aucune goutte

De l'arme aucune goutte de pitié 

Je ne sais pas

Pourquoi tu t’abuses de ma brutalité

Toi l’âme des rails

Moi les trains



Et tu prétends m’aimer

Et tu prétends te sacrifier 

Comme si tu en étais la seule digne 

De la part de feu

Que je porte

Tous les hommes en portent 

Penses-tu

Toi l’âme des rails

Moi les trains



Jacob JEAN-JACQUES

2 Impasse de la Petite Coudraie

91190 Gif-sur-Yvette

Le 09 janvier 2024

17:24


Le chant de la migration : poème xi


Le chant de la migration : poème x



Tu n'as pas faim 

Et tu demandes

Si la neige...

La neige est mangeable 

Si on peut la manger

Puisqu'un juif 

Mange la manne


Un corbeau 

Perturbé sur Yvette 

Une fontaine oubliée 

Te rappellent un voyage


Tu te crois ange parce que

Chaque soir

Tu voles 

Sans ailes et sans machine

Pour contempler les toits blanchis


Tu te dis

C'est pour moi

Que le ciel imprime sa main

Sur les palmiers de Gif


Tu salues cette maman 

Qui réchauffe sa fille

Tu salues un gros chien

Tu salues comme un Saint

Adossé à un mur 

À l’entrée d’une auberge 


Que deviendras-tu

Demain

Quand le froid passera



Jacob JEAN-JACQUES

Gif-sur-Yvette

Le 09 janvier 2024

16:

02


Le chant de la migration : poème x


lundi 8 janvier 2024

Le chant de la migration : poème ix







Je sais que tu dors

Loin 

Sous ce grand amandier

Que la vie offre aux femmes 

Belles et silencieuses

Quand les trains intranquilles

Roulent dans leurs mémoires 


Ton rêve voit la neige 

Minuscules vies célestes

Qui visitent la terre 

Est-ce que c’est bien ma faute

Si je piétine la neige

J’entends dire Macrom

Tu entends toi aussi?


Or c'est à cause de toi

Que je pleure

Toutes les nuits

Seins soleils

Lèvres vermeilles 

Vole-moi 

Un baiser quand tu te réveilleras 


Jacob JEAN-JACQUES

Saint-Brice-sous-Forêt,

Le 08 Janvier 2024

11:22


Le chant de la migration : poème ix

dimanche 7 janvier 2024

Chant de la migration : poème viii





Feluda Le Gris

Veut sortir sous la pluie

Il fait froid Feluda

Ce n’est pas le souci

Que l’on m’ouvre une porte


Il grimpe sur la table

Où je prépare un plat

Je n’ai pas faim

J’ai soif d’un peu 

De liberté

Si j’ai trop froid 

Je rentre 

Qu’on me laisse 

Le choix 


Feluda plaide la cause

Me désarme profond 

Tout à fait tout à fait

Mais je nourris 

Ma conscience tranquillement

Comme un fort

De morceaux de fedou 

De pont-l’évêque

De brin d’amour

De mes légumes variés sautés

À l’huile d’olive


Je ferme mes grands yeux

Pour éviter la pureté

De ceux de l’animal 

À la télé trois renards 

Font l’éloge de la loi de Moussa

Ces hommes n’évoluent pas

Ces bêtes sauvages non plus

Ils savent simplement faire varier

Le cours des choses


Quand mon âme s’ouvrira

Je survivrai peut-être

Grâce aux cris de feluda

Mais s’il ne s’indigne pas

Je mourrai sûrement

Comme meurt un banquier 

Animal ordinaire 

 



Jacob Jean-Jacques

Saint-Brice-sous-Forêt, le 08/01/24

08:06

Le chant de la migration : poème viii


 


vendredi 5 janvier 2024

Chant de la migration : poème VII



Pourquoi a-t-on laissé libre cours

À la nuit sur ce bout de chemin

Ce soir

Sarcelles ou Goussainville

La Mercedes défonce-moi 

Que tu déshabilles 

Pourquoi 

Je refuse de savoir 

Sarcelles ou Goussainville 


M’entends-tu

M’épargnerais-tu 

Un souvenir lynché

Dans les bois de l’Alabama

M’entends-tu

M'attends-tu

Me vois-tu 

Je n’exécuterai pas cette danse

Sans alcool

Car ce soir mes branches 

Sont exilées avec leurs fruits 

Ma Mercedes vomit son jazz 



Jacob JEAN-JACQUES

Le 05 janvier 2024

Saint-Brice-sous-Forêt 

22:03




Chant de la migration : poème VI




Le chêne sous ma main 

Pleure pour un garçon 

Qui a froid 

Et qui ne peut pas pleurer

Et qui ne s’attriste même pas

Sous le ciel blême et lourd 


Le chêne ferme les yeux

Pour ne plus regarder

Ce garçon qui sourit

À un tas de ferraille

Il avait un passeport

Qu’il présente à l’agent

Mais l’arbre ne voit pas

Ne veut pas voir tout ça 

Car il peine à croire que le monde

Soit ainsi après autant d’histoire

Et de géographie 


Et si le monde faisait

Un somme solidaire

Les canards en ont marre

Des idéologies

Des guerres de religion 

Toutes ces affaires d’argent


Jacob Jean-Jacques

Gif-sur-Yvette, le 21 décembre 2023

01:14

Le chant de la migration. Poème VI



Le chant de la migration: poème V



Aime-moi aujourd'hui 

Dans le froid

Sous la couverture

Mon amour

Je saigne du nez

Ma moelle épinière

S’endort

Mes lèvres se dessèchent

Je prends du poids

Je pisse partout

Le médecin rit

Assurance maladie


Je mange des bouquins 

Le sommeil me fuit 

J’oublie plus ou moins

Le goût de la chair

C'est le train qui remplace 

Nos danses 

La conversation avec une professeure de français

Sur Dany Laferrière

Petit-Goâve est un roman 

Sa bouche blanche de lectrice


Aime-moi jusqu’ici

Dans le froid

Ce soir sous la couverture

Mon amour 

Ça ne doit pas être

Si difficile

Tu sais trop bien

Comment me rallumer

Noldine 

Laisse tomber 

Aime-moi ici jusqu'au bout 

Dans ma pauvre température 



Jacob Jean-Jacques

Gif-sur-Yvette, le 19 décembre 2023

23:18

Poème 


Le chant de la migration: poème V