mercredi 22 novembre 2023

Le chant de la migration poème IV




J'avais dit à ma Manman

"Ne meurs pas s'il te plait"

Car j'ai planté mon bras sur une plage

Des Antilles qu'on appelle Kokoye

Qui poussera surement 

Pour livrer un fruit doux

Que personne ne pensera nommer 


"Manman pleura"

Puis me parle ne me parle me regarde 

Pointe le mur du doigt

Le mur lavé de vérité 

"Jésus pleura"


Elle mourut cette nuit

Elle mourut dans mon dos

Pour un verbe mal conjugué

Un petit verbe d'État gros comme ça

Sur lequel crachent les passants 


Mon bras fleurit sur la plage

Dans mon dos

Le petit verbe 

Le petit verbe d'État gros comme ça

Chasse mes jambes vers Paris 

"Manman pleura"


Jacob JEAN-JACQUES

Gif-sur-Yvette, le 22 novembre 2023

23:28

samedi 18 novembre 2023

Le chant de la migration poème III




 

Ce train-ci semble muet

Il fonce vers Goussainville

Comme une énorme couleuvre 

Qu'on surprend sur Paris

Et qui fuit sur le fer


Il voit pourtant un homme

Assis avec un sac

Et des vies à la main

Pour jongler quand il craint 


Ce train-ci se repose 

Et l'homme reprend son corps

Du ventre de l'animal

Qui se perd dans le noir


Jacob Jean-Jacques

Gif-sur-Yvette, le 18 novembre 2023

16:38


Le chant de la migration Poème II

 



J'ai cherché à la gare

Où tous les pieds s'effritent 

Mon titre de séjour 

L'ombre de l'amandier

Le chant des "pipirites"


J'ai cherché dans les feuilles

J'ai cherché dans les fruits

Dans les langues amuïes

Suspendues sur un arbre


Sur les murs qu'on revêt

De violences et d'amour 

J'ai cherché fièvre bleue

De mes courses salées


Sur Yvette sur Saint-Denis

Le silence de Saint-Brice

Sur chaque voiture mouillée

J'ai cherché mes canards 


Sur les panneaux qui brillent 

Le titre de transport 

Les compliments d'un train

Dans le bus trop bavard 

J'ai cherché mes épices 


Et malgré mes galères

La froidure migratoire 

J'aime le souffle de la France 





Jacob Jean-Jacques

Saint-Brice-sous-Forêt,

12 novembre 2023

08:20am


Le chant de la migration Poème I

 



Enfant, j'avais toujours eu peur

Qu'un soleil ne tombe dans ma soupe 

Ainsi, on la prenait à deux 

Souvent un peu rapide

Avec un peu de piment

Des choux, quelques vivres frais

Dans la chambre de ma mère


Où viendrais-tu encore

Qu'on fasse ces choses à deux

Espérant que le ciel 

Ne nous cherche pas des yeux


Ma voisine était bonne

Bonne encore voisine

Elle aimait la cuillère

J'aimais plonger ma langue

Nous aimions les couleurs

Qui dansaient dans la pièce 


Mais un soir un morceau de soleil

Est tombé sur sa tête

Et le bol vidé

A pleuré toute la nuit

La joie de toute une vie


 Jacob Jean-Jacques

Gif-sur-Yvette

06 novembre 2023

23:20


 _Poème dédié à Yves, Marina et Cécile et à Gif-sur-Yvette qui commence à m'habiter_